Une bibliothèque restreinte

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Si je fais le tour des livres que j’aime, j’arrive à 10-12. Mais faisons plutôt le tour.

Jhereg (Steven Brust, Jhereg, 1983) est excellent et arcanepunk à souhait. L’auteur assume totalement le côté magique et le côté urbain. Une excellente inspi pour Terres Suspendues. Hélas, autant le premier tome est agréable, autant les suivants manquent sérieusement d’intérêt. L’auteur a rompu avec sa femme, et il s’épanche longuement là-dessus. Heureusement, l’intrigue se suffit à elle-même. Vous n’aurez pas à vous forcer à lire les suivants.

Dune (Frank Herbert, Dune, 1965) est le seul roman de science-fiction du lot. Il y a quelques incohérences, les boucliers et les atomiques, le faible nombre de planètes habitées et de Maisons dans l’Empire, mais passons dessus. Là encore, je n’ai pas trouvé la même magie dans les romans qui suivent, mais comme l’intrigue se suffit à elle-même…

Fendragon (Barbara Hambly, Dragonsbane, 1985) est un roman medfan gritty et elf free : on vit au Moyen-âge, la magie et la technologie sont balbutiantes, le savoir s’est perdu, les hommes sont la seule espèce intelligente et les héros sont des hommes comme les autres. Pourtant il y a quelque chose d’attachant. Les deux premières pages du roman sont consacrées à un sort d’invisibilité décrit avec une élégante simplicité.

Le Sorcier de Terremer (Ursula K. Le Guin, A Wizard of Earthsea, 1968) est encore un roman medfan. Hélas, je n’ai pas trouvé le même souffle dans les romans qui suivent.

Comme Hambly, Le Guin a réfléchi à la magie dans son roman, c’est agréable, et son héros est noir, ce qui n’est pas courant dans les romans medfans étasuniens, surtout à l’époque.

La Légende de l’Épée Noire (Margaret Weis et Tracy Hickman, Darksword Trilogy, 1987-1988) se découpe en trois romans écrit par de merveilleux faiseurs d’univers, mais de mauvais faiseurs d’histoires. L’univers est arcanepunk et se prêterait à des aventures urbaines, mais non, on a droit une intrigue en pleine campagne à base de prophétie et de fin du monde. C’est pourtant une excellente inspi pour Terres Suspendues. À lire uniquement pour l’univers et la magie. Les deux premières pages du premier chapitre nous montrent comment décrire un univers magique tout en finesse et en quelques pages. Je n’ai jamais lu mieux.

Le Fermier Gilles de Ham (J.R.R. Tolkien, Farmer Giles of Ham, 1949) est medfan, gritty et très humoristique, loin du trop sérieux Seigneur des Anneaux.

Le Fléau de Chalion (Lois McMaster Bujold, The Curse of Chalion, 2001) et Le Paladin des Âmes (Lois McMaster Bujold, Paladin of Souls, 2003) sont deux excellents romans medfan et gritty. Les deux se complètent sans vraiment se suivre. Une réflexion sur les dieux, sur ceux qui y croient et ceux qui n’y croient pas, sur ceux qui les voient et ceux qui ne les voient pas. La réponse la plus élégante que je connaisse à la question de la magie divine en medfan.

Les Seigneurs des Runes : La Douleur de la terre (Lois McMaster Bujold, The Runelords: The Sum of All Men, 1998) est le 1er tome d’une série inachevée que j’ai arrêté au 4e. Comme Weis et Hickman, l’auteur est un faiseur d’univers, pas un faiseur d’histoire. On est du medfan héroïque ou les héros sont très au-dessus des autres hommes. C’est tout de même très médiéval et toujours elf free.

Tous des magiciens (Randall Garrett, Too Many Magicians, 1982) est une uchronie. Nous sommes en France dans les années 1940, mais Richard Cœur de Lion n’est pas mort à la bataille de Châlus en 1199 et la France fait partie avec l’Angleterre l’Empire Plantagenêt. La magie existe, mais ces effets restent très mesurés. On suit une des enquêtes de Lord Darcy et de son fidèle compagnon, Me Sean O’Lochlainn, deux avatars d’Holmes et Watson.

L’Abîme arc-en-ciel (Barbara Hambly, The Rainbow Abyss, 1991) est un roman medfan, très gritty . Il est excellent. On découvre le quotidien des magiciens dans un monde médiéval où la magie est vue comme suspecte. L’intrigue qui se traîne un peu pendant tout le premier tome prend un tour complètement différent dans le deuxième tome. Ce dernier est non seulement sans intérêt, mais pratiquement sans rapport avec le premier. Je déteste ce qui est nazi lol.

Rhialto le Merveilleux (Jack Vance, Rhialto the Marvelous, 1984) est un recueil de nouvelles medfan. Peu de romans évoque le quotidien d’un archimage. Jack Vance le fait avec un style inimitable mais très inégal. Un incontournable quand on s’intéresse à la magie scolaire de Dungeons & Dragons.

Je finirai avec le pire, la série des Thraxas (Martin Scott, Thraxas, 1999). C’est pulp, c’est mauvais et c’est mal traduit, mais j’adore au point d’avoir dévoré chaque tome. Le mieux est de le lire dans la version originale. Le héros est un guerrier magicien raté, bedonnant et alcoolique, reclassé comme détective. Il évolue dans une ville où tout le monde a soit un pet au casque soit un bédo aux lèvres.

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